
08 Mar L’ingénierie est un métier ni d’homme ni de femme, c’est un métier de passion et de compétences.
À l’occasion de la Journée des Droits des Femmes, découvrez les parcours inspirants d’Alexandra LIORIT et Yasmine KARIM, toutes les deux ingénieures système réseau chez Agelec, qui partagent leur expérience dans un domaine encore majoritairement masculin.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir ingénieure ?
Alexandra : J’ai toujours été attirée par les matières scientifiques. J’avais une appétence pour les énergies renouvelables. Je suis donc allée dans un cursus d’ingénieure pour mieux me rapprocher de cette voie. J’ai commencé par une école d’ingénieur généraliste et je me suis spécialisée par la suite.
Yasmine : J’ai toujours été intéressée par les sciences car dans ma famille, la grande majorité est scientifique. J’aimais beaucoup les maths et la physique. Je savais dès le départ que je voulais continuer dans un parcours scientifique. Après mon diplôme, j’ai poursuivi avec un master en électronique.
Quels défis avez-vous dû relever dans ce métier « d’homme » ?
Yasmine : À l’école et au travail, rien de spécial, mais sur le terrain, tu as moins de valeur parce que tu es une femme. C’est quelque chose que j’ai constaté plusieurs fois lors des sorties terrain. On a tendance à nous reléguer au second plan. L’homme est souvent perçu comme le référent, même si nous avons les mêmes compétences.
Alexandra : Pour moi, être une femme a plutôt été un avantage. Comme on nous attend moins dans un domaine technique, l’impact est encore plus fort quand on prouve qu’on maîtrise le sujet. Certes, au début, on n’est pas nécessairement considérée comme l’interlocutrice principale, mais une fois la légitimité établie, tout se passe bien.
Avez-vous souvent ressenti la nécessité de faire vos preuves parce que vous êtes une femme ?
Yasmine : Oui, il faut s’imposer dès le début et montrer qu’on sait ce qu’on fait. Un caractère affirmé est essentiel. J’ai déjà eu une expérience professionnelle où j’étais la seule femme et j’entendais des remarques du type : « Avec une femme dans l’équipe, plus rien ne va fonctionner » sous couvert d’humour, mais avec des sous-entendus bien présents.
Alexandra : Moi, on me fait toujours cette blague (rires). Une fois que tu montres que tu es légitime techniquement, tu imposes naturellement le respect. Il faut être compétente, mais aussi savoir dissuader ceux qui pourraient te sous-estimer.
Pensez-vous que les hommes ont plus droit à l’erreur que vous ?
Alexandra : Honnêtement, non. Et puis, soyons réalistes : ils font plus d’erreurs que nous ! (Rires)
Comment réagissent vos collègues et vos clients en votre présence ?
Alexandra : Très bien ! La mixité est toujours un atout. Avoir des femmes dans une équipe apporte une dynamique différente.
Yasmine : Je suis d’accord. La diversité rend l’environnement de travail plus agréable et détendu.
Dans vos expériences professionnelles, quelqu’un vous a-t-il déjà dit que vous n’étiez pas à votre place ?
Alexandra : Pas directement, mais parfois à travers des attitudes. Lors de réunions, on peut sentir qu’on n’est pas incluse naturellement dans les discussions. D’où l’importance d’avoir du caractère pour se faire entendre.
Yasmine : Moi, c’était sous forme de blagues, mais je savais que certains le pensaient réellement.
Vous pensez que les mentalités évoluent concernant la place des femmes dans l’ingénierie ?
Alexandra : Oui totalement. Dans ma promo entre 2014-2020, nous étions 10 à 15 % de femmes. Ce chiffre a doublé dans les promotions suivantes. Dans les mentalités, ce n’est plus considéré comme un métier d’hommes uniquement. D’ailleurs, mon responsable m’a confié que lorsqu’une femme se présente à un poste pour un métier technique, elle bat toujours les hommes.
Yasmine : Moi, dans mon parcours entre 2018-2024, c’était plutôt 50/50. Je partage l’avis d’Alexandra. De plus en plus de femmes osent se lancer également, et ça devient normal de les voir dans ces métiers.
Un conseil pour les jeunes femmes qui hésitent à se lancer dans l’ingénierie ?
Yasmine : Si l’ingénierie vous attire, foncez ! Ne laissez pas les stéréotypes dicter vos choix, ce domaine évolue et a besoin de talents diversifiés. Il n’y a pas de métier « d’homme » ou « de femme », nous avons exactement les mêmes capacités, alors ne doutez pas de vous et n’écoutez pas ceux qui pourraient essayer de vous décourager. Votre place est là où vous décidez d’être.
Alexandra : Pour ma part, je pense qu’il ne faut pas se voiler la face. L’ingénierie n’est pas un métier qui sera à 100 % féminin. Il faut avoir l’envie et ne pas craindre de travailler entourée d’hommes exclusivement. Même si les choses s’améliorent, je ne suis pas sûre que l’on connaisse des réunions 100 % féminines dans l’ingénierie. Il ne faut pas hésiter pour ces raisons, mais être consciente qu’il faut apprendre à travailler entourée d’hommes.